Extrait du livre Au coeur du chaos
« J’ai tiré un enseignement certain de toutes mes expériences de vie, même les plus douloureuses. J’ai notamment fini par conclure qu’il est toujours possible de tirer un avantage d’une situation, même la plus dramatique. Ça m’a permis de survivre et de garder mon équilibre. Le bilan de tout cela me sert maintenant dans ma vie quotidienne.
Évidemment, je me suis endurci et j’ai pris un portrait de notre univers qui diffère sensiblement de ce que l’on connaît chez nous. Je sais à quel point les perturbations sociales, politiques, religieuses, militaires ou autres peuvent avoir une influence sur la perception d’une personne. Il y a des horreurs qu’on préfère remiser, mais avec lesquelles il faut composer. Avec lesquelles, moi je dois composer. Notre univers n’est pas un monde de guimauve. Ceux qui passent une vie dans la ouate sont chanceux, même s’ils l’ignorent la plupart du temps et font des drames de petites anicroches.
Il y en d’autres pour qui la vie est impitoyable. Des personnes fuient un monde de terreur et de violence -peu importe le type de violence- pour se réfugier dans des contrées plus sereines en espérant y trouver un peu de calme et de tranquillité. Et un jour, leur réalité passée les rejoints. Ces gens ne demandent pourtant que de vivre en paix.
Je pense évidemment aux victimes de la mosquée. Aucun d’entre eux n’aurait songé, ne fut-ce qu’une seconde, qu’ils pourraient devenir des cibles dans la ville de Québec. Je souhaite aux survivants de pouvoir continuer leur chemin doucement maintenant que cette horreur est terminée.
Je sais que c’est possible, malgré toutes les douleurs endurées, malgré toutes les scènes sans nom auxquelles on peut être soumis. Il faut que ce soit possible ! C’est possible ! Difficile, mais accessible ! »